Je suis assez fan de Cayatte, de manière globale, en général. Surtout quand il dénonce les rouages d'une justice qui n'a pas souvent raison de s'enorgueillir de son titre. Mais là, c'est du grand n'importe quoi. Il n'est pas question d'une justice quelconque ou même d'une intrigue sociale qui pourrait être lourde de ce que la société regorge. Là, c'est du grand déballage larmoyant, du voyeurisme flagrant indigne du cinéaste. On peut dire qu'il ne fait pas dans la dentelle. C'est vrai que ce n'est pas son emploi ni ses manières à l'ami Cayatte, la dentelle. Habituellement, il tranche dans le vif, appuie là où ça fait mal, et surtout là où ça dérange.

Mais en nous proposant A chacun son enfer, il ne dérange aucune institution. Il nous dérange profondément, nous, gratuitement. C'est du Voici, du Gala pour les Michu chers à notre ami Vincentp. Du people outrancier avec une Annie Girardot ravie de faire couler des tonnes de larmes et d'en rajouter dans ce domaine poisseux. Que retenir de ce film, sinon un malaise profond à la vue de ce cauchemar qui semble sorti d'une émission de télé-réalité dégueulasse, pour employer un pléonasme libérateur. Je veux bien croire que Cayatte est en fin de carrière. Que les éléphantesques Le Glaive et la Balance, Nous sommes tous des assassins, Le Miroir à deux faces, Les Risques du métier et dans une moindre mesure Verdict font partie d'un passé révolu mais il pousse le bouchon un peu loin dans le scandale bon marché. Ce n'est plus vraiment du cinéma mais un reportage bien cradingue sur ce qui devrait être une cicatrice à jamais béante. Ça pue ! Et la fin "grosse ficelle", après un semblant d'enquête où Cayatte tente en vain un retour vers le cinéma, ne sauve pas du naufrage ce navrant récit, cette mauvaise soupe.

Qu'est-ce que je viens de voir ? Un film pour voyeurs, justement. Un film vide de tout et plein de rien. Gros plan, long, imbuvable, sur le sac poubelle contenant un corps de fillette, gros zoom sur les larmes de la mère qui ouvre le sac et tout à l'avenant. Une sauce indigeste à la distribution certes assez prestigieuse mais pas jobastre pour autant. Tous (à part elle, étonnamment) savent qu'ils sont en train de tourner une sombre histoire digne des récits merdiques du sieur Morandini (Mr dragées Fuca) et ils prennent ça par dessus la jambe. Ils ne tiennent apparemment pas à mêler de façon brillante leurs noms à cette chienlit assez nauséabonde. Annie Girardot, pourtant en pleine gloire, est impardonnable d'avoir accepté ce rôle. Elle se fout à poil moralement et c'est assez infect. Et tout est infect autour d'elle. Le scénario aurait voulu, en principe, que la mort d'une enfant kidnappée soit sujet à une enquête méticuleuse et aux dérives des médias. Pour les médias, c'est du bout de la caméra que Cayatte dénonce. Mais tout le reste n'est que mauvaise et trop longue avalanche de larmes et de rejet de fautes les uns sur les autres, sans intérêt. Pour une fois, l'immense actrice est à blâmer.

Déroutant et malsain !

Bonjour Je suis moi aussi à la recherche de A CHACUN SON ENFER… Vu en 1977, je crois, et qui m'a tellement marquée que je ne l'ai jamais oublié… Un film réellement bouleversant, où Mme Annie Girardot donne la pleine mesure de son immence talent. Jamais revu au cinema ni à la télé… quel dommage !!

Je n'ai plus qu'à esperer qu'il sorte en DVD, ne possedant plus de magnetoscope…