Proxénète à Milan, Charlie Colletto (Marcello Mastroianni) traite "ses femmes" comme du bétail et sa violence est légendaire. Admirateur fou de Rita Hayworth, il croit déceler chez la prostituée Pupa (Sophia Loren) un air de ressemblance avec la star. Il l'installe chez elle, la brutalise, avant de la remplacer par une autre fille (Dalila Di Lazzaro) qu'il tue dans un accès de brutalité. Pupa a eu vent de l'affaire : elle peut organiser sa vengeance…

Réalisé en 1974, La pépée du gangster est sans doute le moins connu des douze films ayant réuni le couple mythique Sophia Loren -Marcello Mastroianni. Et il faut reconnaître qu'il s'agit sans doute du moins bon… Et cela se pressent dès le générique de début, étonnamment laid pour une production aussi prestigieuse.

Malgré un scénario convoquant, comme l'ensemble du film d'ailleurs, des noms aussi prestigieux que Cornell Woolrich , Tom Rowe et Ernesto Gastaldi, cette comédie policière frappe par sa puérilité et sa facilité, accumulant les personnages caricaturaux, les quiproquos téléphonés et même une scène de cascade de Rémy Julienne.

Le résultat est plus proche des pantalonnades du duo Terence Hill- Bud Spencer que des comédies à succès de Vittorio De Sica. On peut même dire que nous sommes dans un film d' Aldo Maccione puisque c'est à lui qu'a été confié le troisième rôle, celui de l'adjoint idiot de Charlie – Mastroianni , qu'il incarne avec son habituelle absence de nuances.

Ce n'est pas la mise en scène de Giorgio Capitani, assez laide avec ses zooms typiques des années 70, qui sauve la mise. Gageons qu'un Sergio Corbucci aurait fait beaucoup mieux. La photo m'a paru assez datée également, malgré la contribution de Henri Alekan. La musique et les chansons de Piero Umiliani sont sympathiques.

Et pourtant je dois avouer que j'ai éprouvé un plaisir modeste mais réel devant ce film divertissant.

Sophia Loren est drôle et plus belle que jamais en Rita Hayworth des bas-fonds. Marcello Mastroianni, qui se délectait à cette époque-là à jouer les ratés, incarne le personnage vraisemblablement le plus antipathique de sa carrière: un mafieux sans principes qui bat voire tue les femmes qui le côtoient. J'ai apprécié également l'étrangeté du cadre temporel: les personnages principaux sont figés dans les années 1930 et 1940 alors que l'action se déroule bien dans les années 1970, comme l'atteste l'hélicoptère vu dans la première séquence.

Un tout petit film qui n'est pas resté dans les annales du septième art, et à juste titre d'ailleurs, mais qui a eu le grand mérite de ne pas m'ennuyer une minute malgré son extrême légèreté. Par ailleurs, il n'est pas interdit d'y voir une charge féroce contre le machisme all'italiana.

Et Marcello Mastroianni, Sophia Loren , ainsi que le producteur Carlo Ponti ont eu l'occasion de se racheter -et de quelle manière !- avec leur film suivant: Une Journée particulière.