L'intérêt du film n'est pas là, évidemment. Il a été tourné par René Clair, fraîchement revenu des États-Unis, où il avait fait une très honorable carrière, en 46/47, c'est-à-dire 50 ans, à une année près, avec la naissance du cinéma, en décembre 1895. Et c'est le foisonnement, l'efflorescence; les découvertes de trucs, procédés, finesses du 7ème art commençant qui est, assez largement, le meilleur du Silence est d'or
C'est très charmant, cette reconstitution de ce que furent les débuts du cinéma. Aussi bien dans la présentation aux spectateurs du nouveau divertissement (le pianiste improvisant une musique au gré des péripéties, le diseur qui résume l'action et restitue ce que seraient les dialogues) que dans le tournage de myriades de petits films drôles ou tragiques, funambulesques ou historiques ; roulements d'yeux des acteurs, gestes démesurés, mélodrames exaltés, farces et culbutes, toiles peintes des décors, premiers trucages…Sensation, en tout cas qu'une forme nouvelle et merveilleuse de spectacle vient de faire son entrée dans le paysage…. On est encore bien près du théâtre et du music-hall, on va et vient entre eux mais quelque chose est né, qui sera le grand art du 20ème siècle et qui n'est peut-être pas tout à fait agonisant aujourd'hui.
Maurice Chevalier plus hédoniste, moins brutal, moins passionné que Jean Gabin de French Cancan a, finalement autant de légèreté charmeuse que dans Gigi de Minnelli, François Périer en fait un soupçon de trop, mais les petits personnages du studio, Raymond Cordy, Paul Ollivier, Gaston Modot sont délicieux, souvent habitués du cinéma de René Clair d'ailleurs. Et Roland Armontel, détaillant à la perfection Par le petit bout de la lorgnette est parfait en père égoïste de Madeleine, la brave petite héroïne (mais je ne trouve pas que Marcelle Derrien, dont le visage est un peu mou, est vraiment séduisante).Heureux d'avoir pu raviser mon jugement trop négatif, je ne vais tout de même pas chanter merveilles…
Personnellement, je me dis qu'Albert Préjean aurait sans doute fait l'affaire.
Figurez vous que j'y ai pensé, M'sieur l'commissaire, j'y ai pensé ! Et j'ai même imaginé que le rôle de François Perier aurait bien fait l'affaire de Gérard Philipe. Pour les plans tournés en "transparence", c'est vrai. Mais je les ai trouvé bien gérés. Beaucoup moins laids que ceux, (par exemple, car ils sont présents dans beaucoup de films) de L'air de Paris.
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