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Comment se faire des amis


De Impétueux, le 30 mai 2021 à 18:51
Note du film : 4/6

Je désespérais de jamais regarder ce film de propagande d'Augusto Genina, superproduction italo-espagnole tout à la gloire des défenseurs obstinés de l'Alcazar de Tolède qui ont résisté 68 jours à un déluge de fer et de feu et dont la libération, le 23 septembre 1936, assit définitivement le Général Franco comme le chef du Soulèvement national. Symbole pour les deux camps, le siège de la vieille forteresse édifiée à la demande de Charles Quint, au 16ème siècle a suscité une abondante littérature et comporte suffisamment d'éléments dramatiques pour nourrir à la fois récit historique, récit de guerre, récit romanesque. Et cela le réalisateur italien y parvient à merveille.

Car voilà qu'un mystérieux, bienveillant et habile magicien m'a permis de voir Le siège de l'Alcazar dans sa version italienne sous-titrée ; cela alors que le film n'a jamais été distribué en France. Et que j'en ai été enchanté. Et que, même si on ne partage pas mon engagement résolu du côté nationaliste, on peut tout à fait regarder le film comme un grand spectacle extrêmement bien filmé et scandé, comme on peut, au demeurant, regarder les films de propagande quand ils sont de belle qualité, comme Le cuirassé Potemkine et les autres films d'Eisenstein, comme Le triomphe de la volonté et les autres films de Leni Riefenstahl.

D'abord le film n'est pas lourdement didactique et, s'il suit assez exactement les épisodes du siège, les espérances et les désespoirs, les angoisses et les moments de joie, les péripéties héroïques ou tragiques, il ne s'aventure pas sur le chemin des raisons et justifications. À peine, au début, évoque-t-il l'atmosphère étouffante de l'Espagne du printemps 1936, après que le modéré président de la République Alcala-Zamora a été destitué par la Gauche au profit du socialiste Manuel Azana ; à peine passe-t-on quelque temps aux Cortès (l'Assemblée nationale) lorsque le leader de la Droite Calvo Sotelo proteste, lors de la séance du 16 juin, contre les assassinats de prêtres et où il est vilipendé par la Gauche aussi unie que haineuse ; et encore ne présente-t-on pas l'invective de Dolores Ibarruri (la Passionaria) qui lance : Cet homme vient de parler pour la dernière fois !. Et de fait Calvo Sotelo sera assassiné moins d'un mois plus tard, le 13 juillet. D'où le soulèvement des 17/18 juillet.

Mais dans le film de Genina on n'approfondit pas les choses : on tresse simplement les intrigues. Redisons une dernière fois que le film prend clairement son parti : il présente la plupart des Rouges comme des brutes avinées, à face de groins de porcs et les nationalistes comme des paladins merveilleux : c'est la loi du genre et on ne chipotera pas le metteur en scène là-dessus. Donc, d'abord, on fait connaissance avec les principaux protagonistes du film : le beau capitaine Vela (Fosco Giachetti) et deux jeunes filles de bonne famille, l'une, Conchita (Maria Denis), sage et fiancée à un des Cadets de l'Académie militaire, Francisco (Aldo Fiorelli), l'autre, Conchita (Mireille Balin) oiselle séductrice et désinvolte, habituée à la légèreté mais dont le siège révélera la nature profonde et attachante.

Lier les cheminements de l'amour et les grandes vagues de l'Histoire est un des vieux trucs du cinéma : cela permet de faire avancer de conserve les événements et d'insérer les uns dans les autres de façon assez heureuse. Le siège de l'Alcazar est assez bien construit pour qu'on puisse tout à la fois se passionner pour la violence des affrontements et les péripéties qui les entourent, exactement rapportées, et pour les histoires amoureuses qui se nouent dans la forteresse. C'est simple, clair, évidemment prévisible, on a tout son soûl d'émotions heureuses ou désolantes, on frémit, on espère, on se demande comment ça va finir.

Voilà un assez bon signe pour un récit, d'ailleurs : lorsque l'on connaît la fin de l'histoire et l'issue des inquiétudes et qu'on est pourtant haletant à se poser des questions (du type Jésus sera-t-il vraiment crucifié ? ou Louis XVI parviendra-t-il à rejoindre ses troupes après Varennes ?) c'est que le réalisateur a su réussir son affaire. Et voilà un film où, lorsqu'on connaît la suite, on est bien content lorsque la Cavalerie (c'est-à-dire la colonne du Général Varela) fait résonner les sons de son clairon !

Il n'y a aucune chance pour que ce film qui exalte à la fois l'héroïsme des patriotes et la défaite des Rouges soit jamais édité. C'est bien dommage. Au delà des convictions de chacun, il vaut la peine. Est-il besoin d'ajouter que Mireille Balin y est extrêmement séduisante ?


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VOTE
De Arca1943, le 19 juin 2008 à 00:22

…mais bon, pour ne pas donner à Impétueux l'impression que j'y suis allé un peu sèchement tantôt, je veux bien voter pour ça aussi – et, après l'avoir soigneusement disséqué (grâce à mon système de triangulation Sturzo-Salvemini-Sforza*) je le classerai dans ma vidéobibliothèque, à la section « Enfer » !

Cela dit, et sans obligation de votre part bien sûr, si je vote pour un Genina, vous pourriez faire de même et aller faire un tour sur la fiche de La Fille des marais


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