Très bon film, vu pourtant en médiocre copie 16mm dans le précieux hommage à Siodmak offert par la Cinémathèque Française, mai 2010. Un vrai film "noir", adulte, cynique, sans aucune concession moralisatrice ou pseudo-humaniste. On remarque aussi, grâce à la perception globale de l'œuvre du cinéaste offerte par l'hommage, une continuité dans les thèmes et l'inspiration, ne serait-ce que le pessimisme actif et le refus des conventions, déjà présents dans le magnifique TUMULTES (France-Allemagne, 1931), revu également ici. En 1950, le personnage de Wendell Corey, homme de loi victime de son amour pour la vénéneuse Barbara Stanwick, est un frère en détresse de celui de Charles Boyer, vingt ans plus tôt, ex-repris de justice, mené en bateau à sa sortie de prison par celle qu'il aime, la magnifique Florelle. Il y a dans les deux cas la même amertume face à la 'comédie sociale" : dans le premier, Boyer, trompé, humilié, et devenu meurtrier, accepte de revenir en prison, où là, au moins, règnent une apparente solidarité et un semblant de chaleur humaine; dans la second, beaucoup plus pessimiste, Corey s'enfonce seul dans une nuit urbaine après avoir tout perdu.