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Les gens de mer ..

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De Tamatoa, le 6 février 2014 à 02:31
Note du film : 4/6

Ah ! Que c'est embêtant de donner un avis sur un film aussi bancal ! On ne sait pas sur quel pied danser. Jean Valère, qui a pourtant bien apprit son métier auprès de pointures nommées Max Ophuls, Allégret, Cayatte ou Carné nous offre là une valse hésitation entre le grandiose et le médiocre. D'abord, une entrée en matière, l'arrestation des résistants en cavale, accompagnée d'une musique tonitruante qui casse les oreilles de façon insupportable ! Nous nous surprenons à penser à La ligne de démarcation où la musique de Jansen annonçait la couleur à pas feutrés, allant crescendo sans dépasser l'accompagnement juste nécessaire à l'action. Puis un huis-clos qui tantôt touche au génie et la seconde d'après frise un ridicule inattendu. En effet, quelques scènes montrant ses cinq résistants enfermés dans leur geôle au bord de l'océan, peuvent nous rappeler Le trou de Becker, l'océan en moins. Une atmosphère lourde, très douloureuse, enrobe l'idée obsédante de l'évasion avant La Sentence : le peloton d'exécution. Dans une heure, pas plus, pas moins. Les mots sont comptés comme les secondes qui s’égrènent vers la mort. L'océan offrant son éternel tempo. Et puis soudain, de grands discours philosophiques dont nous n'avons que faire, ânonnées par un Roger Hanin ou Robert Hossein en mal de tirades. Force est de reconnaitre qu'ils ne semblent pas très à l'aise dans le mélo appuyé. Alors ils en rajoutent et ils se plantent. Et la geôle de mer devient bouge et règlements de comptes. Ca dérape. Ca détonne. C'est dommage…

Marina Vlady est fort belle et n'a de cesse que de déclarer, ma foi fort discrètement, sa flamme à Roger Hanin avant que sonne La Sentence. Elle rétablit là l'atmosphère digne de la situation de départ. Les voix redeviennent graves alors que l'espoir s'amenuise et que le film reprend ses droits dans le beau et l'émouvant. Parce que c'est aussi vrai que certaines scènes sont très, très prenantes. Le dernier petit mot laissé à ceux qu'ils ont aimé, écrit sur un petit bout de papier de fortune, sans l'utiliser tout entier pour que le papy, Lucien Raimbourg, puisse se rouler une dernière cigarette… Les demandes de pardon tardifs, l'inéluctable qui monte comme la marée qui semble s'en foutre… Mais plus c'est beau et plus Becker, plus Duvivier manquent cruellement à l'appel ! Les huis-clos, ça les connait, non ? Marie-Octobre aurait su recadrer ce petit monde, à n'en pas douter.

Et puis soudain… on vient les chercher. C'est là-bas, à quelques dizaines de mètres, devant la houle déchainée, que l'on va les fusiller. Sur cette plage pour l'instant immaculée mais qui, à quelques heures du débarquement, ne le restera pas, ils marchent vers la mort. Et là, c'est grandiose, monumental, magnifique ! Rarement une fin de film ne m'a tant ému . J'ai eu la gorge serrée comme c'est pas permis ! Les pas lents, semblant danser l'éternité de ces cinq sacrifiés au bord de cet océan hurlant son impuissance, un sublime requiem du dieu Mozart qui s'interdit d'illuminer ces derniers regards échangés… Un Dvd, vite, juste pour cette fin. La sentence, c'est un très beau film mais qui échappe parfois à la surveillance d'un metteur en scène distrait. Pourtant, avant que les fusils ne parlent leur langage de fin du monde, je me souviens :

On peut, bien sûr, on peut bien dire
Que tout passe avec les années..
J´ai cru voir, le temps d´un sourire,
Tant de bouquets de fleurs faner..
Tant d´amours, d´oiseaux, de patience
Aux yeux des hommes sans colère
Quand ils m'ont salué en silence
Comme saluent les gens de mer… (Maurice Fanon)

Merci Monsieur .


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