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La patine du temps


De Impétueux, le 4 août 2013 à 15:13
Note du film : 4/6

Quelle mauvaise idée de conclure le film sur l'image mélodramatique et ridicule d'un Commissaire Beaumont (Jean-Paul Belmondo) abattu sur l'ordre ampoulé d'un médiocre ministre de l'Intérieur (Jean Desailly) ! Cette exécution sommaire, qui veut placer le film sur le noble et vertueux registre de la dénonciation des manigances du Pouvoir et des excès de la Raison d'État (je me moque, là, au cas où on ne l'aurait pas compris !) donne au Professionnel une touche qui se veut grave et qui est du plus profond ridicule…

il y a une dichotomie embêtante entre l'esprit que l'on pourrait qualifier de droitier du personnage de Belmondo, au comportement que l'on appellerait libertarien aux États-Unis et sa détermination de tuer le potentat africain Njala (Pierre Saintons, excellent, au demeurant, dans le cynisme glacé) afin de libérer un peuple de l'oppression et de l'exploitation. L'idéalisme nunuche prêté à Beaumont-Belmondo ne s'articule jamais habilement avec le regard extraordinairement méprisant posé par le film sur les jeunes pays africains. Jamais depuis L’État sauvage, de Francis Girod, d'après le roman de Georges Conchon je n'avais vu une dérision pareille jetée avec tant de bonne conscience sur ce qu'on n'hésitait pas jadis d'appeler Les rois nègres, baptisant ainsi les chefs d'État des pays récemment décolonisés. Le procès de Beaumont, au début du film, est même assez limite dans la caricature.

On ne peut pas s'attendre, pour un film aussi formaté, aussi grand public que Le Professionnel à bénéficier d'une réflexion un peu approfondie et complexe sur la Raison d'État, qui est pourtant un de sujets les plus intéressants et les plus graves qui soient. Là, c'est vraiment traité par dessous la jambe et je suppose que tous les spectateurs s'en sont complètement fichus, tout éveillés qu'ils étaient des cabrioles, physiques et verbales, de Jean-Paul Belmondo ; il faut dire qu'on en a pour son argent, et qu'il y a même quelques petits bijoux de virtuosité goguenarde, même si j'ai tendance à penser que Michel Audiard ne s'est pas trop foulé ; mais enfin la scène où Beaumont noie sous les billets de 500 F. le concierge de l'hôtel Intercontinental pour obtenir de lui les renseignements sur les coquineries du Président Njala avant de les lui retirer avec la même habileté de prestidigitateur est délicieuse. Et, à propos de coquineries, l'irruption de la piquante Doris Frederiksen (Marie-Christine Descouard) sous les yeux effarés du colonel Martin (Jean-Louis Richard) et du capitaine Valeras (Michel Beaune) est pleine d'à-propos !

Je trouve bien sévères les critiques très négatives émises sur ce cinéma percutant, drôle, invraisemblable et distrayant dont on cherche avec regret les traces aujourd'hui. C'est mal foutu, pas toujours très bien interprété (Robert Hossein qui porte en lui tout le lugubre du monde et qui ne s'est pas remis d'incarner Geoffrey de Peyrac, l'époux quasi putatif d'Angélique, est particulièrement exaspérant), mais ça se laisse voir et revoir avec plaisir…


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De Pierremont, le 10 décembre 2009 à 16:36

Je vous trouve bien sévère avec Le Professionnel et l'ensemble de la carriere de Jean-Paul Belmondo. Le Professionnel est un tres bon film et il n'est pas le seul. 6/6


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