Avec Les deux visages du Dr Jekyll, Terence Fisher avait su donner une vision originale et brillante d'un thème souvent abordé par le cinéma.

Hélas cette version du fantôme de l'opéra est décevante.

La faute en incombe aux partis pris du scénario: l'intrigue est déplacée à Londres mais Covent Garden n'a pas la splendeur de l'opéra Garnier. Ici le fantôme ne semble pas amoureux de la cantatrice. Il a simplement envie de se venger de l'imprésario D'Arcy, ce qui ôte une grande partie du romantisme de l'histoire imaginée par Gaston Leroux. Le fantôme n'est pas un monstre asocial difforme de naissance. Et pire encore, c'est un nain qui est l'instrument de sa vengeance… Le souci d'originalité est manifeste mais aucun des choix faits par le scénariste ne fonctionne vraiment. Certaines idées semblent saugrenues: pourquoi donc le fantôme éprouve-t-il le besoin d'enlever son masque lors de la scène finale ? Mystère.

Hormis un Herber Lom convaincant dans le rôle du fantôme, le casting est franchement terne. Michael Gough, dans le rôle de D'Arcy, n'est pas bien dirigé. Et surtout le couple Christine Heather Sears- Harry Edward De Souza est particulièrement terne. Heather Sears est loin d'avoir la grâce requise pour le rôle de Christine, du coup on comprend pourquoi le fantôme n'en est pas amoureux dans cette version.

Plus étonnant pour une production Hammer, les décors sont ici assez modestes, comparés à ceux d'autres versions du Fantôme de l'opéra.

Tous ces éléments expliquent pourquoi la version Terence Fisher manque d'envergure et d'intensité.

Ceci dit, le film est en partie sauvé par la qualité de la mise en scène: on oubliera pas les mouvements de caméra qui ouvrent le film. Ou des scènes-chocs comme le meurtre du chasseur de rats ou le plan final.

Le fantôme de l'opéra à la sauce Fisher est un film franchement terne mais ce dernier n'en est pas le principal fautif.