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De Impétueux, le 14 juin 2019 à 10:34

Retour très réussi, Nadine Mouk ! Retour en force, même !


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De Nadine Mouk, le 14 juin 2019 à 06:23
Note du film : 4/6

Un festival Jouvet ! D'emblée, il annonce la couleur devant quelques nouveaux riches qu'il doit instruire : -Messieurs, rappelez vous ceci, une fois pour toutes: l'homme riche doit manger sans appétit avec une sorte de dégoût résigné . La faim est un mot dont vous avez perdu le sens ! Laissez là aux pauvres ou alors…..faites faillite !- Où encore devant la reine Popesco et son irrésistible accent Roumain, Ukrainien, Russe, Slovaque,Polonais, Silésien, Croâte (allez savoir !) qui veut absolument qu'il lui tâte ses cuisses de sportive : "- Comment pensez vous ça ? -Je pense ça trés dur ….-" La voix d'Elvire, c'est un soubassophone qui aurait épousé une harpe . Elle oisillonne dans des films légers et peut plonger sans le moindre effort dans La voyante, La Mama, ou Tovaritch

Transposée au cinéma par Alexandre Esway, cette pièce de théâtre légère et enjouée de Maurice Donnay fit les belles soirées parisiennes des années 1900. Pour que le passage sur grand écran fut réussi, Alexandre Esway, qui n'encombra pas le monde du cinéma, s'entoura d'acteurs qui voguaient vent debout depuis belle lurette mais aussi de dialoguistes et scénaristes (car la pièce éponyme fut quelque peu remaniée) de premier choix . Entre autres, le fameux Carlo Rim qui réalisa la succulente Armoire volante et déploya pour cette Education de prince un talent de première qui renvoie Michel Audiard, pas encore dans le métier, aux calendes Grecques ! Car tout du long, c'est un florilège de bons mots fins, subtils, drôles. Florian trouve que Jouvet demeure statique . Il faut quand même dire que c'est un peu sa marque de fabrique ! A part peut-être dans Volpone ou encore Miquette et sa mère , voire drôle de drame il est rare qu'on le voit et l'entende chanter "Mon cul sur la commode". Jouvet est un pince-sans-rire. Dire qu'ici il cabotine et ne joue pas juste, c'est un brin indécent. Pas d'avantage. Quant à Popesco qui surjoue, il ne faudrait pas confondre : Elle est volubile, éloquente, loquace et prolixe ! Elle est comme son pays : Chaude (l'été) et rigoureuse (l'hiver)!

Il ne faut pas chercher dans ce film un scénario complexe et migraineux qui enchanterait Godard . C'est du boulevard. Du bon boulevard remanié par Clouzot, Carlo Rim et Maurice Donnay, l'auteur, et porté par des comédiens qui n'ont donc rien à prouver et qui sont là pour s'amuser. Ils sont au théâtre, endroit qu'ils maitrisent de fort belle façon. Mais c'est étrange : Je ne peux jamais revoir Robert Lynen sans être émue . Je le revois toujours, le jeune René, frère de Tintin dans la belle équipe débarquer avec son Carillon Westminster, cadeau posthume de Raymond à ses frangins d'infortune. Je n'ai jamais pu entendre cette sonnerie dans quelque endroit du monde sans repenser à cette scène …Il avait connu Gabin dans cette belle équipe là. Il rencontrera Jouvet dans cette éducation de prince et l'idôlatrera jusqu'à la fin. Cette Education de prince qui sera son antépénultième film avant que la guerre ne l'emporte vers d'autres sonneries militaires et funèbres…Et puis, dire que Robert Lynen "cabotine", c'est un peu fort de café, MonsieurFlorian : On peut lui reprocher bien des choses (ça n'était pas un acteur de premier plan, certes) mais de cabotiner, non ! Ne serait-ce que son phrasé trés particulier l'en empêchait ! Josette Day n'aura pas encore rencontré sa bête et, peut-être un peu moins fine, elle donnera quand même le bras à son roi de mari pour un avenir incertain :

"-Vous pensez vraiment que je ferai une reine convenable ?
"-Que savez vous faire ?
"-Tricoter des pulls-overs, la cuisine et les équations au troisième degré !
"-C'est plus qu'il n'en faut !…

Et tout ça derrière les va-et-vient d'un Alerme en grande forme, alors que le grand Charpin disparaît un peu devant la stoïcité (justement) de Jouvet ! Education de prince fut tourné entre Le Drame de Shanghai et Hôtel du nord . Un petit détour en Silistrie entre Shanghai et Paname pour le roi des acteurs ! Un film relax même si les magouilles politiciennes fleurissent le sujet. Des moments délicieux, piquants, assez délectables. Mais surtout, un festival Jouvet !


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