Accueil
Voici les derniers messages de ce forum :

Critique


De vincentp, le 30 décembre 2006 à 19:39
Note du film : 4/6

Récit d'un propriétaire met en scène plusieurs personnages qui appartiennent à un milieu populaire, et qui subissent les avatars de l'après-guerre. Parmi ceux-ci, la femme âgée seule et sans enfant, et qui découvre à un âge avancé le sentiment maternel. Le style et les images souvent présentes dans les grandes réussites ultérieures de Ozu apparaissent clairement dans ce film dépouillé : des scènes de repas à deux ou en groupe filmés avec une caméra basse, qui s'attardent sur les visages des convives, lesquels expriment leurs sentiments les plus intimes, une séance photographique qui fixe une image de la concorde avant une séparation de la cellule familiale, l'alternance champ/contrechamp pour représenter une conversation et qui ne montre jamais l'interlocuteur, des propos humanistes qui concluent le récit ("pourquoi sommes nous si égoïstes",…)…

Les pièces du puzzle Ozu sont en place. Leur assemblage minutieux aboutit à la création d'une douzaine de grands films, de Printemps tardif -1949- à Le goût du saké -1962-, soit autant de variations stylistiques et thématiques autour des mêmes éléments.

Il faut noter que la montée en puissance de Ozu s'accompagna d'une augmentation régulière de la durée de ses films (*) au cours des dix années qui suivirent la réalisation de Récit d'un propriétaire :

(*) Source : Ozu, par Shiguéhiko Hasumi, éditions cahiers du cinéma.


Répondre

De dumbledore, le 7 juillet 2006 à 00:37
Note du film : 4/6

Récit d'un propriétaire est le premier film d'après guerre de Ozu. Cinq ans séparent ce film de ses précédents, Il était un père et Les Frères et les soeurs Toda. Entre les deux, c'était évidemment la guerre et un projet militaro-patriotique qui n'a pas eu le temps de voir le jour. Ozu s'offre même une période sabbatique lui permettant de voir les films américains qui furent interdits durant la guerre : Les Hauts du Hurlevent, Autant en emporte le vent, Fantasia, Citizen Kane. Il en déduira une seule chose : la Japon s'est décidemment attaqué à un grand pays !!

Ozureprend la main avec un film qui démarre sur un point de départ qui relève du concept. Chose assez rare chez le réalisateur : un type un peu lunaire ramasse dans la rue un enfant orphelin de guerre. Que peut-il en faire? Ne pouvant s'en occuper, il tente de refiler le paquet et tout le monde tente de refuser cet intrus. Le sort tombe sur une femme qui se retrouve charger de retrouver son père…

Nous sommes là presque dans la satyre-conte comme les italiens en ont connu dans leur cinéma. On pensera notamment à Eugenio qui repose sur le même principe ou plus récemment (en Asie cette fois) Eté de Kikujiro . A ceci près que le thème change. Alors que le film de Comencini était une satire de la place de l'enfant dans le cadre d'un couple moderne (ayant une vie professionnelle propre), le film de Ozu s'interroge sur l'héritage de la guerre (incarné par l'enfant). Que peut-on, doit-on en faire? Le ton est évidemment cynique, décapant et le résultat donne un film alerte, léger et drôle, d'un humour très japonais, à savoir froid et distant. Sans jeu de mots… on rit jaune.

Le style est au diapason  : entre deux. Entre humour et drame pour le ton, il est au niveau stylistique entre le cinéma occidental et oriental. A quelques moments seulement on a droit à des mouvements de caméra, et globalement le découpage est encore très "cut", d'un rythme alerte qui sera plus dépouillé dans la suite de l'œuvre d'Ozu. Autant que le film précédent Il était un père était d'une recherche formelle, stylistique et narrative poussé, autant ce film s'inscrit dans une sorte de retour en arrière de cette progression.

Tout cela constitue évidemment un film intéressant dans l'œuvre du cinéaste. Plaisant à voir, il devient tout simplement passionnant quand il s'agit de voir l'oeuvre de Ozu dans son entier..

L'accueil public du film fut plutôt tiède, notamment à cause de la représentation finale de la guerre qui fut jugé anachronique. C'était oublié là que le travail d'un cinéaste n'est pas de faire forcément du réalisme…


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.036 s. - 6 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter