Le DVD vient de paraître. D'abord, un coup de gueule sur l'infâme qualité du son, souvent chuintant, souvent presque inaudible. Entre deux crises de rage sur ce massacre, l'émerveillement devant la beauté, l'austérité, la rigueur, l'intelligence du film. Philippe Agostini, son réalisateur, est davantage connu pour ses qualités du directeur de la photographie des plus grands : Ophuls, Carné, Autant-Lara, Grémillon et tant d'autres. Il est, là, touché par une sorte de grâce, son sujet, le texte qu'il porte le poussant vers les sommets.
Film grave sur des sujets graves, disais-je en introduction : des tas de mystères, la vocation, la clôture, la Foi, le courage, la peur de la mort. Il n'y a pas un moment, dans le film, où on frôle la bassesse ou l'ordinaire, la trivialité des choses ; on est continuellement tiré vers des domaines rares. Comment peut-il se faire que des jeunes filles veuillent épouser le Christ ? Et c'est la première séquence : à Compiègne, au mois de mai 1789, Blanche de La Force (Pascale Audret) et Marie-Geneviève Meunier (Anne Doat), vêtues en mariées deviennent Blanche de l'Agonie du Christ et Constance de Saint Denis martyre entrent pour la totalité de leur vie derrière les grilles qui les retirent à jamais du monde et jurent obéissance et soumission complètes à la Prieure de leur Ordre (Madeleine Renaud). Vous ne comprenez pas ? Moi non plus. Et alors ? Toujours est-il qu'au fur et à mesure que la Révolution spolie, humilie, disperse les religieuses, celles-ci cristallisent leur résistance à l'injure et à la haine. Les carmélites, guidées par leur aumônier (Georges Wilson) ne voient plus devant elles que la perspective du martyre. Le martyre, ce n'est évidemment pas une attraction masochiste et suicidaire pour le supplice : c'est un témoignage et une acceptation. Et, comme le rappelle l'Aumônier à Mère Marie de l'Incarnation (Jeanne Moreau, admirable) qui, in fine, miraculeusement préservée, ne cherche qu'à rejoindre ses sœurs, elle n'est pas là pour mourir, mais pour préserver le Carmel. La nouvelle Prieure, Mère Thérèse de Saint Augustin (Alida Valli, souveraine) lui en donne l'ordre par un seul regard.Le Carmel demeure, les tueurs sont morts.
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