L'un des derniers films de André Cayatte et un film quasi réactionnaire par rapport à son époque.

On a souvent dit (ce qui n'a rien à voir avec le film) que le combat des policiers américains ou français au moment de la French Connection avait été clairement motivé par la dévastation de milliers de jeunes hippies dévastés par l'apparition de nouvelles drogues à l'époque.

Le film est le témoignage d'une époque. Un peu naïf, mais bien souvent touchant et contrairement aux autres avis, je trouve Cayatte inspiré, engagé dans son sujet…

Un jeune venu à Katmandou retrouver son père qui lui doit de l'argent va faire la connaissance d'une jeune Anglaise y voyant le Paradis sur terre… Paradis artificiel, bien évidemment.

Les amourettes entre Renaud Verley et Jane Birkin (Dieu qu'elle est belle !) sont bien mignonnes. Jane Birkin en brave fille baba cool en pleine intoxication porte sérieusement à pitié… Renaud Verley en gaucho anti héros, buté sur des positions anti drogue, qui refuse la dernière connerie des modes de sa décennie, découvrant l'envers du décor d'une société se voulant libérée, n'est pas trop mauvais non plus ! Et Gainsbourg est d'un dégueulasse absolu !

Film mélangeant Aventure, politique avec comme base une belle histoire d'amour… Moralisateur ? Sans doute ! Pessimiste de façon certaine. Ce n'était quasiment rien, quelques années plus tard allait arriver un Sida qui allait mettre une marge à la soit disant liberté de se droguer et de faire l'amour avec n'importe qui !

La photographie n'est pas dès plus dégueulasse et la carte postale du Népal de l'époque est quasi terrifiante. Quelques scènes de drogues et de mauvais trip foutent legerement le cafard.

Nous ne sommes pas dans une satire à la Leterrier. Peut être un des Cayatte des plus intéressants !

L'enfer sur terre !

J'ai enfin pu m'aventurer sur les chemins de Katmandou grâce à la récente édition du film en dvd (merci LCJ !).

Curieusement, le film n'est pas une adaptation du livre, mais ce serait plutôt l'inverse : Barjavel ayant contribué à son écriture, en aurait tiré un roman au contenu étoffé et enrichi. Mieux vaut le savoir avant de regarder le film.

Celui-ci ne brille pas par l'originalité de sa réalisation et n'on comprend bien qu'il n'a pas fait date dans l'histoire du cinéma. Pour autant, il s'agit d'un intéressant témoignage des rêves et désillusions des jeunes d'une époque, et c'est ce qui lui donne toute sa valeur. Parvenus dans ce lieu mythique ou Dieu est partout, à travers mille reflets, les jeunes hippies pleins d'espoir se retrouvent dans une impasse et se laissent pourrir sur place, loques humaines asservies aux poudres blanches d'un paradis artificiel. Le message est clair : à quoi bon partir au bout du monde à la recherche d'un dieu qu'on ne peut trouver qu'en soi ? Déjà Apollon avait fait graver sur le fronton de son temple delphique : "Connais-toi toi même et tu connaîtras l'univers et les dieux"…

On apprécie en tout cas tout au long de ce parcours initiatique les nombreux extérieurs de l'Inde et du Népal ainsi que des rues et temples de Katmandou. Et puis quelle distribution ! Jane Birkin était vraiment très belle. Les présences d'Elsa Martinelli et Arlene Dahl réjouiront les cinéphiles ainsi que les apparitions de Sacha Pitoeff rescapé de Marienbad et du rare Marc Michel (le Roland Cassard de Lola et des Parapluies de Cherbourg). Serge Gainsbourg a écrit la musique et campe un salaud veule et profiteur qui lui va comme un gant.

En bref, pas un grand film, mais à voir pour qui s'intéresse au sujet.