Une brillante réflexion sur le thème de l'argent, et une superbe étude sociale et psychologique. Chacun des sujets abordés est parfaitement développé. Les idées s'enchaînent avec fluidité. La mise en scène est en apparence académique, mais s'appuie sur une mécanique sophistiquée et parfaitement au point. On observe une grande variété de plans, judicieusement employés. Ainsi un emploi discret de contre-plongées pour souligner les situations de tensions psychologiques, ou des gros plans frappants pour observer de près des réactions. On se croirait au milieu du salon aux côtés des invités. Nous réagissons aux propos de ces invités et produisons notre propre analyse des faits en cours. Cette histoire possède au final un caractère authentique et prenant.

Le propos -finalement assez éloigné d'un mode de pensée bien-pensant- positionne cette oeuvre comme celle d'un auteur (William Wyler) -ou de plusieurs auteurs-. Notre expérience nous amène à penser que l'on est ici assez proche des thèmes développés dans d'autres films de Wyler comme L'héritière et donc bien au coeur d'un système de pensée d'un auteur. Bette Davis produit ici l'un de ses grands rôles, mais les acteurs qui l'entourent (Teresa Wright, Dan Duryea -qualifié "d'ourson-",…) sont tous excellents. Herbert Marshall est exceptionnel. La photographie de Gregg Toland, gérant notamment à la perfection la profondeur de champ, est magnifique de bout en bout.

La vipère fait très certainement partie des oeuvres de répertoire à découvrir…

Bette Davis tient magistralement le film sur ses épaules…parfaite