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Louis Jouvet et Dita Parlo dirigé par Pabst


De Arca1943, le 30 mars 2010 à 20:38

Voilà qui est intéressant : ce personnage a également été traité par Alberto Lattuada dans Fraulein Doktor, avec la célèbre séquence des chevaux dans le gaz moutarde…


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De Gilou40, le 30 mars 2010 à 20:07
Note du film : 5/6

Bien loin des James Bond et autres Oss 117 bling-bling, aux voitures de luxe et aventures improbables dans des décors paradisiaques, ce film nous plonge dans le monde souterrain et glauque de l'espionnage tel qu'il se pratiquait en ces temps troubles de la première guerre mondiale.

Dita Parlo, c'est un visage qui rappelle, par certaines expressions, celui de la môme Piaf avec la voix de Véra Clouzot. Et c'est sur les épaules de cette petite bonne femme (qui avait recueilli Dalio et Gabin dans La grande illusion) que repose toute l'intrigue et les aléas du film. Et on se demande tout du long comment elle fait, cette espionne de charme si menue, pour passer sa vie dans l'obscurité des tripots enfumés, ou des caves refuges. Obscurité où s'échangent des regards lourds de conséquences pour une nation entière…Car ici, point de gadgets, de stylos truqués, de poudriers magiques ou autres montres GPS. Le contact prime. Tous renseignements pris à l'ennemi est arraché à la force de la séduction, ou de milles autres manigances, mais au contact.

Et ce contact auprès de Mademoiselle docteur, agent RI4G, Pierre Fresnay l'appréciera bien au-delà de sa mission de soldat. J'évoquais plus haut La grande illusion, et il semblerait que Pierre Fresnay n'ait même pas prit le temps de quitter les bottes qu'il chaussait dans le chef-d'œuvre de Renoir. Il a juste changé de studio. Pas même de grade. Il fait partie de ces quatre cent mille soldats alliés installés dans la ville de l'empire ottoman. Pour lui, il ne tombe que sous le charme d'une journaliste en mission pour son journal.

Mademoiselle docteur a pour sous-titre Salonique, nid d'espions. Et ça grouille à Salonique. Dans la ville multi-ethnique, ils sont partout. Vivent et se cachent comme des rats. Dans un monde des plus parallèles, ils assument leur conditions de pions numérotés. Toujours sur le qui-vive, jamais sur de l'autre ni de rien qui soit humain, ils improvisent leurs vies comme ils peuvent. Nous entendons Pierre Blanchar dire à son amour de collègue : "- Nous sommes des monstres ! Les soldats et les les policiers n'ont pas le choix. Nous, nous avons choisi…- C'est vrai que les dialogues de Natanson restent vifs et prenants." Merveilleux Pierre Blanchar…Le regard constamment obnubilé et cachant mal son accent Marseillais (comme dans tous ses films) il se noie dans cette masse grouillante et soupçonnante de leurs propres ombres.

Il finira fusillé, faux traitre et amoureux incompris.

Dans cet univers de noirceur , Louis Jouvet illumine ce film ! Mais quel film n'a t'il pas marqué à jamais de son empreinte ? Topaze, Knock, l'alibi, ou hôtel du nord, c'est Jouvet que nous regardons, que nous admirons, quelque soit son emploi et le nom qu'il porte alors. Il est ici, tout le temps filmé entre ombres et lumière.

Terré comme une taupe pour mieux espionner ceux qui l'espionnent, il brille pourtant de mille feux ! Quel Acteur majeur que celui-là ! Dullin, le bossu, se fera plus rare et plus discret dans le rôle du patron suprême de cette étrange colonie.

Un grand film d'espionnage. Et l'ébauche d'un grand amour. Ébauche, car la guerre est la plus forte. Rappelons nous de l'histoire de Un ami viendra ce soir.. L'Allemand aimait la Juive. Madeleine Sologne apprit à ses dépends que l'amour a les limites que lui fixe son statut de résistante et de juive. Mademoiselle docteur, elle, en deviendra folle….Car Pierre Fresnay ne se joue pas, plus La grande illusion : Le militaire reprendra vite le pas sur l'homme. Il sera sans pitié…

Une autre guerre viendra. D'autres ombres se battront dans une ombre encore plus sale. Pour une victoire encore plus onéreuse…


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