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Alberto Sordi, le roi Midas de la dérision


De Arca1943, le 7 octobre 2010 à 00:19
Note du film : 5/6

Sacré film, qui traverse astucieusement 42 ans d'histoire (de 1912 à 1954) à travers la vie d'un personnage d'escroc tombeur et opportuniste. Même si la morale est sauve à la fin – le cynique arriviste finit par se retrouver en prison – c'est une satire bien sentie, doublée d'un étonnant film historique. Une production qui a dû représenter à l'époque un sérieux risque, si l'on pense à ce qu'était la censure d'alors. (Voir par exemple la fiche du film Toto et Carolina, à la section Anecdote : "Outrage à la pudeur, à la morale, à la religion, aux forces de l'ordre…")

Tout le monde mange sa paire de gifles dans ce film, des libéraux aux socialistes, des communistes aux démocrates-chrétiens, en n'oubliant surtout pas les fascistes, puisque le douteux héros, en quarante ans d'histoire italienne, va passer successivement par les rangs de chacun de ces partis ! Mais les milieux du cinéma ne sont pas non plus épargnés, car dans le second après-guerre, le nommé Sasà passe par une phase "producteur" pour les beaux yeux d'une apprentie actrice aussi vire-vent que lui : d'abord lancé dans un projet de film communiste, il dévie vers un édifiant biopic de sainte nonne… Et quand Sasà s'en va quémander le fric pour produire le film catho à un propriétaire terrien de Sicile, le "film communiste" désormais abandonné se déroule pour ainsi dire en contrebas : les paysans du lieu agitent des drapeaux en chantant le bandiera rossa

Évidemment, on ne voit pas qui d'autre qu'Alberto Sordi aurait pu incarner un tel personnage cynique et combinard. On est déjà ici, en 1954, sur les contreforts de la comédie à l'italienne à venir : il manque encore le tour de main humaniste dans le traitement des personnages, et donc la dimension tragique, qui n'est pas à l'ordre du jour. En revanche la verve, l'insolence, le côté "tir aux pipes" sont tout à fait là ! De même que l'immixion de la comédie dans l'histoire : voici Catane en 1912 (et son capomafia local surnommé "Pizarro"), voici les fascistes s'entraînant à sauter dans des cercles de feu comme les lions du cirque, voici les démolitions de baraques et les conseils municipaux houleux de l'après-guerre (on se croirait brièvement à deux doigts du futur Main basse sur la ville), voici les images d'archives de De Gasperi et Togliatti en contrepoint.

Quelques chutes de rythme ici et là ne gâchent certes pas ce spectacle de choix, où la verve grinçante de l'écrivain-scénariste Vitaliano Brancati, une nouvelle fois complice du réalisateur au long cours Luigi Zampa, se défoule avec une belle efficacité. Zampa a un sens impressionnant du spectacle, sa mise en scène contrôlée confère une grande fluidité à un récit forcément épisodique. (Et beau budget signé Gianni Hecht Licari !) Sous le couvert d'une plaisanterie "qualunquista" où on rigole de tout et tout le monde, affleure une réflexion peu rassurante sur les types dont peut accoucher l'humanité en période de crise. Parce qu'il ne croit en rien, Sasà peut se convaincre de tout et il n'a qu'un but : toujours être du côté du plus fort. On peut se dire que ce personnage appartient, comme le film, à une autre époque, mais curieusement, je n'en suis pas convaincu…


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De Arca1943, le 4 octobre 2010 à 12:03
Note du film : 5/6

D'une brusque détente de son bras spatial, le Canada reconnaissant enverra sûrement à la France un exemplaire dédicacé d'un petit quelque chose !


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