Il s'agit-là d'un très beau film, qui relate avec une grande pudeur et beaucoup de simplicité la quête quasi-existentielle d'un jeune japonais, sourd-muet, éboueur, qui cherche, par la pratique de sa modeste planche de surf, à s'évader d'une existence qui ne le satisfait pas.

Kitano, avec beaucoup de talent, trouve le ton adéquat pour nous intéresser à cette histoire simple, parfois émouvante, jamais mièvre. On ne peut qu'admirer sa capacité à développer cette intrigue par une parfaite alternance de moments de méditation, d'humour, de tendresse, de solitude, de communion, et de peine…, avec au final une histoire qui prend la forme, ni plus ni moins, d'une métaphore de ce que peut-être la condition humaine (dans la grande tradition du cinéma japonais).

Ce film nous touche d'autant plus que chacun d'entre-nous a rencontré (ou rencontrera) un jour ou l'autre dans sa vie ce genre de personnage, vivant hermétiquement dans un monde quasi-onirique.

Pour ma part, j'en ai rencontré, il y a quelques années, au Pays de Galles : il s'agissait d'une famille de véliplanchistes, qui bravait les éléments déchainés, en plein hiver, dans une mer glacée (on est loin de la Méditérannée d'Impétueux), perdue au milieu de nulle part, et vivant dans son univers à elle, totalement imperméable à notre modèle économique et social.