Pain, amour et fantaisie est un très beau film réalisé en 1953 sur le mode de vie au sein d'un village italien des années 1950, revu avec plaisir, trente ans après. Pas de grande théories politiques ou de doctrines philosophiques, pas de spectacles culturels à se mettre sous la dent (excepté la fête du village consacrée à Saint Antoine) ni de délinquance à combattre, simplement des paysans qui s'efforcent de se nourrir, d'élever leurs enfants sous le regard de l'Eglise, et d'assurer leur descendance. Tout se sait dans ce type de contrée, il n'y a pas d'intimité : les relations sociales se déroulent au vu et au su de tout le monde. Comencini grossit le trait, traite cet aspect sur un mode humoristique, en montrant le groupe de personnes âgées observant les différents protagonistes, avec la lunette télescopique du patriarche. Cette observation de la vie du village, traité sur un mode quasi néo-réaliste, est croisé avec des aspects de comédie, qui rendent le récit accessible à un large public, façon Le petit monde de Don Camillo (1952).
Le scénario de Ettore Maria Margadonna introduit à la perfection une dose d'émotions, communiquées de façon verbale et non-verbale, par les différents personnages. Le rythme, les aspects sonores (musique et bruitages), les dialogues (sonnant authentiques) sont très belle qualité. Les péripéties du récit mixent aspects drôles et graves, et réussissent à donner de la consistance à une intrigue assez prévisible et sans réelle surprise. La psychologie des personnages est creusée à la perfection : le prêtre, les carabiniers, les paysans nouent entre eux des relations sociales élaborées (entre le prêtre et le maréchal des Logis, par exemple, dans la fonction de "commandeur" du village). L'interprétation très nuancée de Vittorio de Sica, une Gina Lollobrigida spontanée, et toute une pléïade de très bons acteurs dans les rôles secondaires (Marisa Merlini,Tina Pica,…) apportent un liant parfait à l'ensemble. Un très beau classique, qui a aujourd'hui sa place parmi les plus belles réussites de l'histoire du cinéma italien, c'est évident.
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