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Un peu trop pépère pour emporter l'adhésion


De verdun, le 14 juin 2022 à 23:47
Note du film : 3/6

Si l'on en croit Wikipedia, le giallo est un genre cinématographique principalement italien à la frontière du cinéma policier, du cinéma d'horreur et de l'érotisme qui a connu son âge d'or des années 1960 aux années 1980.

On classe généralement le "giallo" cinématographique en deux catégories: d'une part le giallo "classique" où sévit un tueur en série ganté de noir, à l'instar de Six femmes pour l'assassin de Mario Bava. D'autre part, le giallo-machination où le personnage principal est victime d'un complot: ce courant est inspiré par Vertigo et Les diaboliques, deux adaptations de Boileau-Narcejac.

Réalisé en 1974, sorti dans les salles françaises quatre ans plus tard sous le titre racoleur La trancheuse infernale, L'homme sans mémoire appartient (vaguement) à la deuxième catégorie. C'est une série noire à l'italienne très classique.

Et pourtant, l'idée de départ pouvait donner lieu à un polar palpitant. Ted (Luc Merenda) est devenu amnésique suite à un accident de voiture. Or si, à première vue, le personnage ne peut que nous paraître innocent et sympathique dans ses tentatives désespérées pour retrouver la mémoire, le spectateur découvre, grâce à certains flash-backs disséminés au compte-goutte, que Ted était avant son accident un truand trempant dans des affaires crapuleuses. Ce lourd passé ne peut, bien évidemment, que le rattraper…

Hélas, L'homme sans mémoire met trop de temps à décoller. Le rythme reste bien trop "pépère" pour emporter l'adhésion. Loin de tenir ses promesses, le scénario se focalise sur une intrigue policière anodine et manque cruellement de concision: ainsi, on peut se demander pourquoi les retrouvailles entre le personnage principal et son épouse mettent tant de temps à arriver… Il faut attendre les dernières scènes pour constater une accélération salutaire du rythme.

La mise en scène de Duccio Tessari est soignée, comme en témoigne le soin apporté aux cadrages et aux mouvements de caméra, mais elle paraît bien trop sage. Les excès baroques des Bava, Argento, Fulci voire Sergio Martino font ici cruellement défaut. La musique de Gianni Ferrio, compositeur-fétiche de Tessari, est d'une étonnante banalité. De plus, certains effets, tels les ralentis finaux, sont pour le moins discutables. Du coup l'ensemble se suit sans déplaisir mais ressemble le plus souvent à un épisode de série télé dont la photo serait plus soignée que la moyenne.

L'homme sans mémoire vaut surtout pour le charisme évident de la belle Senta Berger, sorte d'équivalent autrichien de notre Catherine Deneuve nationale, déjà vue dans Diaboliquement votre de Duvivier, film auquel cet homme sans mémoire fait souvent penser. Mention spéciale à Bruno Corazzari, second couteau du cinéma italien qui apporte à son personnage de maître-chanteur toute l'ambigüité nécessaire. La séquence où il balance des allumettes sur une Senta Berger réduite à l'immobilité est l'une des plus réussies du film.

Au final, L'homme sans mémoire est une petite série B, au charme seventies indéniable, qui se suit sans déplaisir. Mais on peut regretter un manque d'ambition et de personnalité évidents, surtout comparé aux premiers films dont Duccio Tessari fut l'auteur: Les titans, Le procès des doges ou encore Le retour de Ringo.


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