Mais à la réflexion, je ne désespère pas : je vous ferai un rapport bientôt sur Gina (1975), le film suivant de Denys Arcand, mettant en vedette Céline Lomez. Même en admettant que le film ait lui aussi mal vieilli – ce qui reste à voir – il me restera toujours Céline Lomez à regarder. Qui est donc cette dame? Eh bien, en 1979, les producteurs U.S. lui avaient préféré Tanya Roberts pour compléter le nouveau cast de Charlie's Angels. Raison invoquée : Lomez était trop sexy pour les heures de grande écoute (sic) !

…rendant quasi irregardable ce vieux drame politique de Denys Arcand. Le manque flagrant de moyens rend carrément inopérant le passage qui est censé en constituer le climax. Il faut dire que le scénario de Jacques W. Benoît était astucieusement construit : il s'agit de retarder aussi longtemps que possible la rencontre du spectateur avec Réjeanne Padovani. Il est toujours question d'elle dans les dialogues, on sait qu'elle est revenue en ville et que ça enrage son mari (Jean Lajeunesse, excellent) parce qu'elle conserve des informations dommageables et qu'il a peur du chantage. Aussi, quand la grande Luce Guilbeault paraît enfin – au bout d'une heure de film – le personnage a pris toute une dimension, une aura. Sauf que… cette scène est statique au possible, toute entière tournée dans le jardin des Padovani (il fallait bien la tourner quelque part) et a malheureusement des allures de téléthéâtre sur fond noir. Et plutôt bavarde, avec ça. Dommage. La fin est toujours aussi atroce (dans le bon sens du terme) et Réjeanne Padovani finira coulée dans les fondations de l'autoroute que son mafioso de mari est en train de construire avec la bénédiction des méchantes autorités en place. La présentation de la corruption politique est trop ingénue pour passer encore la rampe : quiconque est au pouvoir est un méchant capitalisse dont on n'a même pas besoin de démontrer la foncière turpitude. C'était l'époque, l'époque où le Canada (avec le Québec en guise de locomotive) soufflait dans le cou de l'Italie pour le record du nombre de jours de grève par année…

Bref, les Cousins, si vous tombez sur celui-là en DVD un jour – vu le prestige actuel de Denys Arcand, c'est dans le domaine possible – je vous conseille de passer votre chemin. Mais ça m'écorche les lèvres d'avoir à le dire, parce que Luce Guilbeault était toute une actrice. Un peu marquée par le théâtre, sans doute; mais géniale.