Première partie assez fascinante dans la mesure où l'on a affaire à des comédiens et des décors ayant bel et bien connu la guerre.
Et puis… patatras ! La dernière séquence et la dernière réplique du héros viennent tout fiche par terre. On pensait avoir affaire à un vrai film allemand, on se retrouve devant un film institutionnel dicté en sous-main par les Soviétiques !
J'en suis sorti déçu. Rien à voir avec le plaisir éprouvé lors de la découverte – en avril 2010 – de Sous les ponts (dernier film à avoir eu l'imprimatur de la censure du IIIe Reich).
Le classicisme un peu corseté du récit – volonté presque didactique de présenter une Allemagne en paix avec elle-même – est partiellement compensé par une certaine originalité des prises de vue, sensiblement marquées par l’expressionnisme ; il est vrai que les dévastations urbaines permettent de choisir et de présenter des angles originaux souvent impressionnants et que le décor des immeubles éventrés frappe toujours l’œil du spectateur.
Hildegard Knef, dont Susanne, revenue des camps où elle a été déportée en 1942, est un des premiers rôles à l'écran, a laissé une petite trace dans l'histoire du cinéma (Les neiges du Kilimandjaro, Landru, Fedora), bien plus que les autres acteurs, confinés aux spectacles germaniques, mais pour autant très convenables. Aussi bien Ernst Wilhelm Borchert, qui interprète le personnage positif, le docteur Hans Mertens, obsédé par les horreurs commises, que le salopard, Ferdinand Brückner (Arno Paulsen), capitaine de la Wehrmacht qui a fait assassiner, en Pologne, hommes, femmes et enfants mais qui a retrouvé, industriel cossu, la respectabilité germanique (on ne peut pas se tromper dès qu'on le découvre à l'écran : il ressemble à Heinrich Himmler). Car le propos sentencieux du film est de montrer l'Allemagne vaincue surmonter ses démons : le docteur Mertens, hanté par eux, alcoolisé et débauché, qui squatte un appartement dévasté noue une histoire d'amour avec Susanne, libérée par les Alliés, qui revient chez elle. De façon un peu compliquée elle remet Mertens, ancien soldat, sur la trace de son capitaine, Brückner. Ce criminel de guerre a su opportunément retrouver sa famille et la prospérité matérielle. Il paraît être un père et un mari modèle et sa femme incarne parfaitement l'idéal des épouses germaniques : les trois K : Kinder, Küche, Kirche (Enfants, Cuisine, Église). Mais – ô, gros yeux de la Morale ! – on voit bien que c'est un saligaud puisqu'il profite d'une absence de sa moitié pour aller s'encanailler dans un cabaret avec des créatures…Le bon docteur Mertens va donc tenir entre ses mains (et sous son revolver) l'affreux Brückner : on ne va pas dire ici comment ça se termine (d'ailleurs on l'a oublié), mais on est un peu narquois de constater combien la vertu s'impose, rejetant aux ténèbres extérieures l'abomination du nazisme en faisant mine d'oublier que la quasi totalité du peuple allemand a soutenu jusqu'au dernier jour la folie d'Adolf Hitler…
Passez, muscade…
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