La forme est parfaite (les déplacements par exemple), la force du film vient effectivement du caractère énigmatique et indéfinissable des personnages.
De sa faculté à rassembler des contributeurs de grand talent. Car ici les acteurs sont parfaits, la musique de Morricone est l'une de ses plus belles, la photo ouatée de Guarnieri donne un style particulier à ce film comme à tous les Bolognini des années 70, et la qualité des costumes et des décors saute aux yeux, malgré un budget plus réduit que ceux dont bénéficiait un Visconti à la même époque.
Et surtout de sa liberté de ton ! Souvent attiré par les sujets scabreux, comme le prouvait déjà Le bel Antonio, histoire tragique d'un impuissant, Bolognini va à fond dans la méchanceté, le macabre avec en outre une pointe d'érotisme caractéristique des années 70. Le rôle d'Irène, femme fatale qui n'hésite pas à coucher avec tous les hommes d'une famille pour se rapprocher d'un juteux héritage, est magistralement tenu par Dominique Sanda. Mais les autres acteurs sont excellents aussi avec une mention spéciale pour Fabio Testi, le speciment presque caricatural du beau rital, superbement utilisé dans le rôle d'un play-boy superficiel qui se révèle plus sensible que prévu.
L'héritage c'est un peu Affreux sales et méchants chez les Bourgeois de la fin du XIXe siècle. L'ensemble pourrait être caricatural mais ne ce n'est pas le cas grâce à la finesse de l'écriture car les personnages ne sont pas ce qu'ils paraissaient être à première vue. Ainsi Irène n'est sans doute pas la pire de toutes, contrairement à ce qu'on peut penser durant une grande partie de l'intrigue. C'est effectivement le film le plus représentatif de Bolognini, en tous cas pour les années 70, dans le contraste entre la préciosité du style et l'âpreté du propos. Et grâce au machiavélisme de l'intrigue, à la beauté de la musique et à l'interprétation de Dominique Sanda, justement récompensée à Cannes en 1976, L'heritage me semble plus fort que Bubu, Metello, La grande bourgeoise et tous les autres films calligraphiques du cinéaste.Ajoutons enfin que l'adaptation du roman de Gaetano Carlo Chelli est des plus inspirées car les deux rares scènes qui différent un peu du texte original, à savoir la première scène, d'une férocité qui annonce la couleur, ainsi que le monologue final prononcé par Dominique Sanda, sont remarquables.
Si on produisait aujourd'hui l'héritage, ce serait sans doute un téléfilm dépourvu de la férocité et de la qualité du film de Bolognini. C'est dire si ce cinéma italien de la grande époque nous manque…
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