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Affligeant


De Impétueux, le 14 juillet 2011 à 22:39
Note du film : 1/6

Qui pourrait se douter, en voyant ce bien pâlot Allô Berlin ? Ici Paris, tourné en 1932, que Julien Duvivier allait réaliser dans les cinq ans qui suivaient La bandera, La belle équipe, Pépé le Moko, Carnet de bal, La fin du jour, quelques uns des films les plus forts et les plus importants du cinéma français ? Et, même qu'il était l'auteur, auparavant, d'un excellent David Golder ?

Allô Berlin ? Ici Paris est affligeant. Bien sûr la très mauvaise qualité de l'édition, de la bien médiocre collection Gaumont à la demande est pour quelque chose dans ma déception : images striées, granuleuses, tremblotantes, son incertain. Bien sûr aussi des tics de tournage, directement issus du cinéma muet (gros plans sur visages et objets, insistance appuyée sur une grammaire cinématographique qui, sans doute, devait être inculquée aux spectateurs, mais qui est, en l'espèce, assez pesante, jeux appuyés de caméras, avec multiplication kaléidoscopique des images). Pesante aussi la roublardise affectée d'un montage qui fait alterner des séquences en parallèle de Paris et de Berlin, montrant les vies similaires des standardistes internationaux qui font communiquer les deux capitales (Il est à noter que le central téléphonique allemand est mixte, mais que le central français est exclusivement féminin. Ach, Paris ! Doujours l'amour, doujours la rigolade !!)

Le meilleur du film est dans son scénario et, à l'intérieur d'icelui, dans le caractère assez vénéneux, assez pervers de deux de ses protagonistes. Car les deux angéliques héros, Lily (Josette Day) et Erich (Wolfgang Klein), l'une Parisienne, l'autre Berlinois, qui se découvrent par le hasard de leur métier et de leurs communications téléphoniques, s'attirent, se séduisent et tomberont in fine dans les bras l'un de l'autre, sont, en quelque sorte, doublés par leurs deux mauvais camarades, un jouisseur sans beaucoup de scrupules, Karl (Hans Henninger) et une grue croqueuse d'hommes, Annette (Germaine Aussey).

C'est à coup de quiproquos assez convenus, mais dont certains ne manquent pas d'efficacité que l'intrigue progresse, les deux mauvais sujets essayant, sans aucun scrupule, d'abuser de la candeur des deux gentils. Ça donne quelques scènes un peu vénéneuses et bien senties mais qui s'essoufflent tout de même vite.

Que retenir, à part ces babioles ? Quelques images de Berlin en 31-32, c'est-à-dire avant ce que l'on sait, avec, notamment, une boîte de nuit où d'une table à l'autre, des dames en manque d'affection peuvent appeler, toujours par téléphone, les messieurs esseulés assis à une autre table, ou des images du Paris d'avant-guerre toujours surprenantes pour qui connaît les lieux, et des drôles de trucs qui n'existent plus, comme ce restaurant pour femmes seules où Lily a son rond de serviette.

Voilà qui ne compense pas des scènes d'une atterrante bêtise, comme, par exemple, celle du banquet donné en l'honneur du Président des Républiques transocéaniennes en visite à Berlin, affligé de gags d'une idiotie qui n'a rien à envier avec les pires nullités de Robert Thomas ou de Philippe Clair, ce qui, s'agissant d'un Duvivier que je tiens au rang des plus grands, est bien pénible.


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