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De la cornemuse à la castagnette


De Impétueux, le 19 juin 2019 à 19:10
Note du film : 4/6

Voilà seulement le deuxième film que je regarde de Ken Loach et tout autant qu'avec Moi Daniel Blake, j'y ai pris beaucoup de plaisir. Que je me place, dans la lourde histoire de la guerre d'Espagne, à l'exact opposé du camp décrit par le cinéaste n'empêche en rien – Dieu merci ! – d'apprécier un travail de grande qualité qui s'attache, avec un grand sens de l'image et du rythme, à décrire les errements, les déceptions, les aigreurs, les combats, les horreurs d'un groupe de miliciens du POUM (Parti Unifié d'Unification Marxiste) sur le front d'Aragon au début du conflit. Je croyais naguère que cette variété particulière de communisme s'était placée sous l'égide de Léon Trotsky : c'est beaucoup plus complexe que ça ; comment pourrait-on les qualifier autrement que socialistes révolutionnaires, anti staliniens, collectivistes, phalanstériens, d'une certaine façon, et féministes…

Je n'ai évidemment rien contre l'engagement déterminé de Ken Loach du côté de la gauche radicale ; c'est son affaire et, s'il a un peu de clairvoyance sur la direction que prend le monde d'aujourd'hui, il doit pleurer des larmes de sang. Mais je ne m'empêcherai pas de faire remarquer que ce représentant patenté des damnés de la Terre est un des cinéastes les plus célébrés par la médiature internationale, collectionnant, pour l'ensemble de son œuvre, six sélections à la Mostra de Venise, 7 à la Berlinade et enfin, last but not least 19 à Cannes (toutes compétitions confondues), dont 14 dans la compétition majeure et deux Palmes d'or. Lorsque l'on connaît la dégoulinade de fric et de champagne qui sépare, sur la Croisette, ceux qui sont in et ceux qui sont out, on est tout de même un peu confondu devant l'absence de clairvoyance (ou l'hypocrisie ou le cynisme) du bonhomme.

Mais après tout, cela le regarde. Comme cela regardait les militants exaltés révolutionnaires partagés entre deux orientations : faire d'abord triompher la République et, de ce fait, battre, par tous les moyens possibles, les combattants du Soulèvement national ou entrer tout de suite dans la phase révolutionnaire et pratiquer d'emblée la collectivisation des terres et des moyens de production. Le groupe que rejoint David (Ian Hart), militant du Parti communiste britannique est de ceux qui prônent la seconde orientation ; il y arrive un peu par hasard, alors que sa place serait plutôt dans les rangs des Brigades internationales, prises en main et dirigées par Moscou. Mais c'est cela qui fait la trame de Land and freedom.

Fraternité d'arme, bien sûr, mais comme le groupe, se refusant à toute discipline et à tout enrégimentement, n'est muni que de pétoires archaïques et d'une inefficacité abyssale, conversations sans fin sur les idéaux de la Révolution, ses prolégomènes et ses développements espérés et regards sur les personnages qui composent cette troupe singulière. Une troupe qui vient d'un peu partout et qui compte des idéologues, des révoltés, des militants, des hommes d'action et deux femmes ardentes, Maité (Iciar Bollain) et surtout Blanca (Rosana Pastor). Celle-ci, qui est la compagne d'un des membres de la bande, devient l'amante de David alors que, blessé au combat, il passe sa convalescence à Barcelone.

Et c'est précisément à Barcelone que les péripéties du film rejoignent la grande Histoire, lors des célèbres journées de mai 1937 où l'autorité républicaine, qui s'appuie sur le Parti communiste et, donc, l'aide forcenée de l'Union soviétique, fait fusiller militants du POUM et anarchistes qui tiennent les nœuds stratégiques de la grande ville. Le reste du film quitte alors l'intéressante exploration des braves révolutionnaires illuminés pour stigmatiser, de façon inutilement démonstrative et grandiloquente le désarmement des bandes par les staliniens. De toute façon, pour le camp rouge, en juillet 1937, lors de la dissolution du POUM, les carottes sont cuites ; en juin, tout ce qui restait républicain du Pays basque, autour de Bilbao a été pris et les deux tiers de l'Espagne sont libérés…

Ken Loach filme avec beaucoup de talent l'orgie sanglante de la guerre civile. L'Aragon est superbement mis en scène… on a envie de citer Robert Brasillach, ce qui est surprenant (mais pas tant que ça, finalement) : Et sur les chemins secs et roux, Voici notre Espagne sans cesse..


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De vincentp, le 5 octobre 2013 à 10:07
Note du film : 4/6

Un bon film d'idées : celles des combattants engagés au sein des forces républicaines contre les franquistes, durant la guerre civile espagnole. Land and freedom via ses personnages met en évidence les différentes formes de lutte contre un pouvoir de type capitaliste. Les débats engagés entre les membres de la milice, ou avec les paysans, sont intéressants. La mise en scène est de qualité (on perçoit immédiatement la différence entre celle de quatre mariages et un enterrement -qui tire sa force de ses dialogues et de ses acteurs- et celle de ce présent film). Ceci étant dit, Land and freedom me paraît être simplement une semi-réussite de Ken Loach (si l'on compare cette oeuvre avec Raining stones, Sweet sixteen,…). De plus, il ne conviendra probablement pas aux spectateurs traditionnellement réticents aux idées de gauche, voire d'extrême gauche.


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