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Un classique oublié


De Impétueux, le 17 juin 2018 à 18:00
Note du film : 3/6

Je n'attache pas énormément de poids aux distinctions que s'entre-attribuent à foison les professionnels de la profession, les Oscars, Césars, Palmes d'Or, Ours du même métal et tout le toutim mais je ne les voue pas pour autant aux ténèbres extérieures. Et puis les prix obtenus comme réalisateur par Vittorio De Sica ont couronné des films si éclatants (Sciuscia, Le voleur de bicyclette, Miracle à Milan, Le jardin des Finzi-Contini) que je ne pouvais qu'être favorablement disposé pour Hier, aujourd'hui et demain qui reçut l'Oscar du meilleur film étranger à Hollywood en 1963.

En le redécouvrant, je me confirme ce que je pensais depuis longtemps : c'est que De Sica réalisateur est infiniment meilleur dans le drame (on peut classer Miracle dans cette catégorie, même si la fin en est littéralement merveilleuse) que dans la comédie. Il me semble qu'il manque à ce très grand bonhomme du cinéma de tous les temps un peu de férocité pour réussir tout à fait ses films gais, qui ne sont que charmants et trop peu grinçants. Si je n'ai pas encore vu L'or de Naples, je ne pense pas beaucoup de bien de Sept fois femme et le sketch de Boccace 70 (vu il y a fort longtemps il est vrai) ne m'avait pas convaincu.

Hier, aujourd'hui et demain est, comme souvent, lors de cette période, un film à sketches et l'on peut en dire que, comme la plupart du temps, c'est très inégal. L'avantage du film est qu'il met en scène dans ses trois segments les mêmes acteurs principaux, Sophia Loren et Marcello Mastroianni qui sont éclatants de talent (elle encore un peu davantage que lui, mais ce sont les rôles qui veulent ça) ; cette présence constante donne de l'unité à trois histoires fort dissemblables et de durées très différentes.

Le premier sketch, Adelina, le plus long – et de fait trop long – se déroule à Naples dont les rues et les lumières sont amoureusement caressées par l'œil de De Sica, enfant du pays. Adelina, vendeuse à la sauvette de cigarettes de contrebande a écopé d'une amende qu'elle ne peut payer ; elle va donc aller en prison. Mais un avocat s'aperçoit qu'elle est enceinte et qu'elle ne peut, dans son état, être incarcérée, d'autant qu'après l'accouchement elle bénéficiera d'un nouveau sursis de six mois afin de pouvoir allaiter. Dès lors, la solution est trouvée : il n'y a qu'à avoir un enfant chaque année. C'est ce que font Adelina, qui supporte admirablement ce… traitement et son mari Carmine… jusqu'à ce que le pauvre homme, épuisé par les vagissements des huit enfants et par les exigences de sa femme fasse une crise d'anémie. C'est donc la prison dont Adelina sortira grâce à la solidarité financière de son quartier bien pauvre et à une grâce présidentielle. Le récit a été écrit par Eduardo de Filippo sur la base d'une histoire vraie, mais il tire en longueur. Restent les images tendres du petit peuple napolitain et la crasse dorée de la ville.

La deuxième partie, Anna, de loin la plus brève, mais qui pourrait être la plus vénéneuse, se développe à Milan et dans ses environs. Total contraste avec la précédente : l'opulente cité de Lombardie, industrielle et brumeuse, opposée au soleil et à la misère de la Campanie. Et Anna est une grande bourgeoise, femme d'un industriel considérable qui la néglige pour ses affaires ; au fait, cet industriel s'appelle Molteni, alors que Molteni était effectivement une très grande entreprise de charcuterie industrielle (qui au demeurant fut un sponsor considérable du cyclisme, comptant notamment l'immense Eddy Merckx parmi ses coureurs) : je m'étonne que l'homonymie ait pu passer sans passer sans procès ! Donc Anna, qui s'ennuie et roule en Rolls-Royce, a un amant purotin, Renzo, sans doute universitaire ou journaliste qui a dû l'éblouir lors d'une soirée où ils se sont miraculeusement trouvés conviés ensemble. Mais, conduisant la Rolls, Renzo a un accident , ce qui enrage Anna. Un automobiliste de passage, roulant en Ferrari et avec qui Anna trouve tout de suite des connaissances communes, emporte la femme ; l'amant reste au bord de la route. L'histoire a été adaptée d'Alberto Moravia par Cesare Zavattini ; elle portait substantiellement assez de fiel pour être parfaitement réussie, mais elle confine à l'insignifiance…

Le troisième segment s'intitule Mara. Il se passe à Rome en plein centre, dans un immeuble qui surplombe l'admirable place Navonna. Une prostituée en chambre voisine avec deux vieillards dont le petit-fils, Umberto (Gianni Ridolfi) est un séminariste modèle. L'extraordinaire animalité sensuelle de Sophia Loren a, évidemment un effet explosif sur le jeune homme qui jetterait volontiers soutane et vocation par dessus les moulins. Mais Mara est une pute au grand cœur et à la morale rigide – quoiqu'adaptable -. Le jeune homme regagnera son séminaire mais l'amant sérieux de Mara (enfin… un de ses nombreux amants sérieux), Augusto Rusconi n'en profitera pas, la dame ayant fait vœu de chasteté pendant huit jours pour que les choses reviennent à leur ordre normal. Malgré la beauté de la Ville éternelle, on a l'impression d'assister à une caleçonnade un peu ridicule, qui n'est même pas anticléricale, mais qui apparaît comme graveleuse et d'une grande banalité.

Ça se laisse regarder, parce que les acteurs, donc, sont formidables et que l'Italie est toujours belle. mais c'est un film finalement bien insignifiant.


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De vincentp, le 14 février 2015 à 12:22
Note du film : 5/6

Oui, il boom (6/6) est une comédie très réussie de Vittorio de Sica.


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