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Sublimes Sophia Loren et Jean-Paul Belmondo.


De Impétueux, le 9 janvier 2014 à 18:33
Note du film : 6/6

Comme c'est bien, un cinéaste tout d'intelligence, de finesse et de nuances qui a toujours porté sur la misère humaine un regard d'une grande hauteur sans condamnations rapides, sans manichéismes simplificateurs, en mettant en scène toute l'infinie complexité des situations où la pauvre humanité erre et tangue au milieu des drames les plus épouvantables…

Je ne suis pas persuadé que la magnifique séduction physique et les trop nombreux rôles médiocres de Vittorio De Sica, qui, acculé par des dettes de jeu devait accepter de jouer dans beaucoup trop de films n'aient pas desservi le renom du merveilleux réalisateur de chefs-d’œuvre bouleversants, au premier rangs desquels Le voleur de bicyclette, mais aussi Sciuscia, Umberto D, Miracle à Milan… Il n'est pas certain, en tout cas, qu'on parle de lui comme on devrait en parler, comme un cinéaste majeur du siècle passé.

La Ciociara est de la même veine magnifique d'humanité profonde, qui prend au cœur par mille traits de tendresse, d'humour, d'admiration et dont la tristesse finale laisse la bouche amère.

Deux traits de venin, d'abord : le ridicule du titre français, La paysanne aux pieds nus, d'autant plus grotesque que Ciociara signifie originaire de Ciociarie, région montagneuse du Latium et que ce nom même de Ciociarie provient de cioccia, chaussures particulières de la région. Le Diable est dans les détails. Autre agacement, le DVD, uniquement proposé en VF et d'ailleurs fort mal encodé, puisque la fin du film est pratiquement inaudible. On ne va pas ouvrir un nouveau débat sur la pertinence de tel ou tel choix (je ne supporte pas Mes chers amis en VO, je ne regarde pas Le fanfaron en VF) ; la VF pour La Ciociara peut d'autant mieux se concevoir que Jean-Paul Belmondo y joue un rôle important et que Sophia Loren bénéficie d'un bon doublage ; mais l'absurde et récurrente manie d'affubler la plupart des acteurs italiens d'un accent méridional est insupportable.

Une grande force du film est de présenter l'amour simple et immense d'une mère pour sa fille. Rosetta (Eleonora Brown) une adolescente fragile, maladive, ravissante ; Cesira (Sophia Loren) une femme qui s'est sortie d'un village misérable en épousant un homme bien plus âgé qu'elle qui lui a apporté une certaine prospérité matérielle. Cesira ne vit que pour Rosetta et lorsqu'elle se concède le plaisir (avec Giovanni/Raf Vallone ou avec Michele/Jean-Paul Belmondo), elle se débarrasse ensuite rapidement de ce qui ne serait qu'un souci supplémentaire.

Là-dessus la guerre, le débarquement allié, les bombardements, la fuite vers la campagne, la destitution de Mussolini. L'égoïsme de tous et principalement des paysans qui dissimulent aux réfugiés le blé, l'huile et même le sel. Les Allemands sont en fuite, les Anglais font des opérations commando derrière les lignes. Tout le monde se méfie, à peu près indifférent au sort final de la guerre : ce qu'on veut, c'est que le conflit s'achève, quel que soit le vainqueur, mais que ça se termine, qu'on puisse revenir chez soi. Et si le Duce est encore là, c'est très bien, et si c'est le Roi, c'est très bien aussi et si c'est autre chose, on s'y fera. On se méfie seulement des communistes, parce qu'on est dans une région rurale et très religieuse.

Comme les événements progressent, les réfugiés se dispersent ; et sur le chemin du retour, l'horreur d'un de ces viols commis par des soldats ivres de violence et de frustration, s'entraînant les uns les autres dans une furie sacrificatrice.

Importe-t-il vraiment que ces criminels soient de ces goumiers marocains qui remontaient du sud sous la conduite du Maréchal Juin ? Non sans doute, parce que toutes les armées du monde se sont toujours livrées à des exactions pareilles, Étasuniens en Normandie, Russes en Allemagne, Japonais en Chine et partout et partout. Mais oui aussi d'une certaine façon… Parce qu'on peut se demander si, aujourd'hui, un tel film serait possible : un film qui présente sans mépris les fuyards allemands refusant le pain qu'on leur jette : Nous ne sommes pas des bêtes !, qui montre des Italiens libérés sceptiques et profondément matérialistes et des Marocains sauvages et violeurs ; est-ce que, sous les injonctions comminatoires du MRAP, de SOS Racisme et de Jamel Debbouze les producteurs mettraient un doigt dans ce guêpier ? Va savoir…

J'ai dit combien j'ai trouvé magnifique le couple de la mère et de la fille ; moins fort mais très solidement campé, le couple Cesira/Michele, elle matérielle, concrète, réaliste, lui exalté, intransigeant, idéaliste ; d'autant qu'aussi bien Sophia Loren que Jean-Paul Belmondo donnent à leurs personnages une épaisseur magnifique et que l'Oscar décerné à l'actrice est sûrement un des plus mérités qui se puissent.

Un beau film noble, grave, profondément émouvant.


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De vincentp, le 9 septembre 2012 à 23:25
Note du film : 5/6

5,4/6. Excellent film effectivement, portant sur une période trouble de l'histoire de l'Italie. La Ciociara décrit fort bien la psychologie des allemands, italiens, anglais,… sur la ligne de front, dans la montagne, ou la plaine. C'est un film très étrange et constamment surprenant, avec ces inserts de comédie dans une trame générale assez dramatique. Des changements de ton abrupts (les deux femmes descendant du train, dans un registre de comédie, puis se faisant mitrailler sur la route…). Une mise en scène de grande qualité de de Sica, alternant parfaitement plans rapprochés, travellings, plans d'ensemble…

Ce film constitue aussi et sans doute un point de transition (ayant été tourné en 1960) entre deux types de cinéma (celui classique et celui dit de la "modernité"). Des non-dits, des scènes qui semblent conçues pour nourrir l'imaginaire du spectateur (Sofia Loren discutant de tout un tas de sujet assez théoriques avec JP Belmondo, ou le gros plan sur la coccinelle) voisinent avec d'autres épisodes plus classiques (le folklore au sein du petit village, ou dans le train, par exemple). Ceci fait que ce film semble être inclassable. Il est à voir !


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La Ciociara fin août ?


De Freddie D., le 13 janvier 2006 à 15:28

La ciociara qui vient de paraître en kiosques, dans la collection Belmondo, est en VF, en 1.66 et en 4/3 (contrairement à ce qu'indique la jaquette). La VF est quasi insupportable, car à part le fait qu'on entend effectivement la vraie voix de Belmondo et – je crois – celle de Loren, les autres, les paysans italiens sont doublés avec l'assent du midi ! Absurde, affreux, contresens… Je ne comprends pas qu'on n'adjoigne pas la VO à ce genre de films, de toute façon réservés à un public de cinéphiles exigeants. Je ne pense pas que dans cette collection, ceux qui achètent La ciociara soient les mêmes que ceux qui se procurent L'as des as ou Le guignolo !


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De verdun, le 6 juillet 2005 à 20:37

La question est ambigue car on s'aperçoit d'une grande disparité dans le doublage des grands films italiens: les comédies et les Visconti je préfère les voir en vo alors que la plupart des films de Bolognini, ceux ou les acteurs étrangers ont une grande place (L'héritage,La grande bourgeoise ou même Belmondo dans LA VIACCIA) ont un doublage des plus pénibles . DE même certains de mes amis m'ont confié que LE CONFIRMISTE, le chef-d'oeuvre absolu de Bertolucci (ps: arca, donnez moi un coup de main car je me sens un peu seul sur le topic de ce film tombé dans un oubli relatif dans l'hexagone) est beaucoup mieux en vf avec les voix de Trintignant ou Sanda mais je ne l'ai vu qu'en italien.

Question complexe que celle du doublage en Italie. Dans un de ses livres, Claude Chabrol attribuait l'affaiblissement du cinéma italien au doublage, qui selon lui allait par exemple à l'encontre des principes néoréalistes.


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