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De Impétueux, le 5 octobre 2008 à 19:19
Note du film : 5/6

Bien sûr, le film ne se prive pas de filmer des paysages d'immensité, des paysages de début de monde, des paysages sans un arbre, où le vent souffle sans désemparer, sans jamais rencontrer d'obstacle… Des paysages si vastes et si nus qu'ils (m')en deviennent presque oppressants à force de sérénité ; et, dans ces confins du Monde, entre Chine et Russie, des survivants que le progrès rattrape…A déjà rattrapé lorsque le film commence, puisque une éolienne alimente la yourte en électricité, puisqu'on y connaît l'argent (mais pas encore sa valeur), puisque l'épouse vient de la ville, voit un médecin, aimerait pratiquer la contraception…

Qu'on égorge, dépouille et dévore le mouton, qu'on assouplisse sa peau par des techniques primitives et ancestrales, que cohabitent sous la grande tente trois générations n'est plus qu'une survivance… On pourrait presque, à certains égards, faire un rapprochement avec les magnifiques paysans aveyronnais filmés en 1946 par Georges Rouquier dans Farrebique : insidieusement, la marche des années ravage le vieux monde.

Hymne au passé, Urga ? oui, sans doute, et les dernières images d'une nature salopée, souillée, profanée (images presque excessives dans leur laideur, au demeurant) vont en ce sens ; mais hymne, surtout, à l'authenticité des êtres, et à la multiple splendeur de leur diversité : l'émotion ressentie par Sergeï, le Russe (Vladimir Gostyukhin), dans la boîte de nuit kitsch de la bourgade chinoise où joue un orchestre disco est d'une identique intensité : ce que pleure Sergeï, c'est l'illusion qu'était l'Union soviétique, à quoi il croyait… (la séquence est fascinante, fantasmagorique, et ne peut avoir réalisée que par un Slave, tant elle est géniale d'outrance : Sergeï demande à l'orchestre disco de jouer une valse et, devant l'ignorance des instrumentistes, dénude son dos, où est tatouée la partition d'un chant patriotique russe Les collines de Mandchourie, sur quoi il fait valser en chantant des couples indifférents ; il est arrêté par la police chinoise : la Word music peut reprendre).

Urga est un film lent et magnifique, paradoxalement le plus court des derniers opus de Mikhalkov (moins de deux heures, alors que Soleil trompeur dure deux heures et quart, Le barbier de Sibérie près de trois heures). Il ne s'y passe pas grand chose et on ne s'y ennuie pas une seule minute : est-ce que ce n'est pas la marque du talent ?


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De droudrou, le 30 septembre 2006 à 10:25

David : je ne les ai pas comptés – mais d'emblée le score était terrible – ça m'a fait penser au fameux épisode qui concerne Henry Morton Stanley correspondant du New-York Herald quand il était en Abyssinie, que pour être le premier à annoncer la victoire du Roi des Rois sur le Négus, il avait monopolisé le télégraphe en faisant envoyer des versets de la bible jusqu'à connaître la grande nouvelle… – La notion du dialogue était rompue et je me désespérais de voir apparaître un de ces commentaires d'Impétueux dont il a le secret à propos d'un film quelconque !

Amicalement – Pierre


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