J'ai trouvé ce film excellent, car centré sur des personnages et leurs relations au travail, avec des psychologies bien incarnées. L'intrigue criminelle passe au second plan. Henry Fonda et Richard Widmark sont employés à bon escient, sur leurs points forts, pour porter le sujet.

0K avec l'analyse ci-dessus. Le plus contrariant dans ce film, surtout venant d'un homme comme Siegel, c'est la mauvaise et plate utilisation du Scope, et la BO agaçante, désuette et bien trop présente.

Le scénario est faible, et à force de vouloir traiter à égalité les personnages de Widmark et Fonda, aucun des deux acteurs n'en sort grandi. Ils rament dans des rôles pas assez développés, pour lesquels en outre, ils semblent déjà un peu âgés. Et que dire de la terrifiante misogynie avec laquelle sont écrits les rôles de femmes ? De l'adultère embourgeoisée à l'épouse capricieuse et ne rêvant que d'aller au bal de la police, il n'y en a pas une pour relever l'autre. Peu de temps avant, Le détective auquel Madigan fait souvent penser, avait autrement plus de rythme et d'enjeu. Ici, tout est centré sur la traque d'un malfrat (le très névrotique Steve Inhat) et les tourments existentiels du glacial commissaire joué par Fonda. "Tu n'es pas quelqu'un de très accessible", lui dit sa maîtresse Susan Clark. "On me l'a déjà reproché" répond Fonda, rejoignant ce que l'on sait de la vie personnelle du comédien, dans les mémoires de sa fille Jane.

Les seconds rôles sont caricaturaux (on a droit à Miguelito Loveless en personne !), certaines répliques datent terriblement le film ("Ce gosse devrait aller chez le coiffeur"), et il a vraiment fallu sa rencontre avec Eastwood, pour que Siegel évolue, et laisse tomber ce look télévisuel, pour signer trois ans plus tard l'indémodable Dirty Harry. Madigan a mal vieilli, et ne vaut un coup d'oeil que comme lointain aïeul de NYPD blue ou The shield.