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Bon polar, bien photographié


De Jubowski, le 8 janvier 2007 à 16:41

Raw Deal paradoxalement à son titre, est une intéressante variation sur la femme fatale.

Au lieu de l'habituelle déchéance de l'homme innocent par la faute d'une femme manipulatrice et malsaine, Anthony Mann filme la chute d'un gangster tué pour l'amour de la plus honnête des femmes.

Il est d'abord primordial de remarquer que la narration se fait à travers une troisième voix, celle de la compagne habituelle du fuyard. Ce personnage, qui vit au milieu du crime, serait, dans un film noir classique, la véritable femme fatale, ce que l'actrice Claire Trevor sait parfaitement jouer dans d'autres œuvres. Ici, elle observe, impuissante, l'irrésistible attirance de l'homme qu'elle aime vers cette femme extérieure à leur monde. Si l'utilisation de la voix off n'est pas utilisée jusqu'à son paroxysme (la narratrice n'a pas accès à toutes les scènes), elle révèle tout à fait l'impossibilité du personnage à atteindre son but et rajoute à la dramatique, tant elle pressent la tragédie finale.

Quant à l'autre rôle féminin, Marsha Hunt campe une femme idéaliste, éprise de justice, qui voit l'humanité du gangster, mais n'a pas conscience de la réalité du danger qui le guette. Comme la femme fatale classique, elle vit dans un monde qui n'existe pas pour les autres personnages, toujours en décalage avec le contexte auquel elle se confronte. Malgré ses bonnes intentions, la rencontre de l'altérité, si attirante, est impossible, à jamais gâchée par le contexte irréductible de chacun des deux amoureux. Si pousser un innocent au crime est fatal pour celui-ci, pousser un criminel dans la justice est de même totalement destructeur. C'est cette irrémédiable mécanique du crime que met en lumière Anthony Mann.

Une femme fatale incapable de manipuler et une femme fatale malgré elle, telles sont les deux héroïnes malheureuses de ce petit chef-d'œuvre, miroir inversé de la société normée, comme de la scénaristique hollywoodienne classique.


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De vincentp, le 6 avril 2006 à 20:09
Note du film : 4/6

Marché de brutes est un film intéressant qui baigne dans un climat très sombre, typique du polar de cette époque. L'éclairage, très original, consiste dans le film à optimiser les possibilités offertes par le noir et blanc : dans de très nombreuses séquences, le premier plan et l'arrière plan, en pleine lumière, sont espacés par un noir profond. Il y a toujours une porte ouverte sur une autre pièce éclairée. Les cadrages sont aussi très recherchés.

Tout ceci contribue à créer une atmosphère angoissante, dans lequel baigne un récit narré sur un ton désenchanté. Le film démontre les qualités de mise en scène de Mann, et aussi ce qu'il est permis d'obtenir avec peu de moyens financiers, simplement de l'imagination et une très bonne photographie.

Un film qui fait penser à bien d'autres classiques du genre, notamment à "clash by night" de Fritz Lang.


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