Une réussite exceptionnelle du cinéma britannique, réalisée en 1948 par Carol Reed à partir d’un récit de Graham Greene (le romancier est également crédité en tant que co-scénariste de cette œuvre cinématographique). La thématique abordée est très vaste : le monde et les drames des adultes vus par le regard d’un enfant de sept ans, les tenants et les aboutissants de la vérité et du mensonge, le fond et les formes des classes sociales et des relations humaines… Une thématique déployée à hauteur d'homme, de façon brillante, sous la forme d’idées, par le biais d’un récit prenant, maniant à la perfection des situations à la fois dramatiques et comiques. Une atmosphère faite à la fois de douceur et de tensions permanentes, construite à partir de plans et de dialogues très travaillés.

Une part importante de la réussite de ce film est redevable à sa composante visuelle, extrêmement réussie. Les techniques de l’expressionnisme allemand, basées sur des angles de vue sophistiqués, et le jeu de l’ombre et de la lumière, sont admirablement employées par le chef opérateur français Georges Périnal. Ainsi la partie de cache-cache déroulée à toute vitesse dans l’ambassade mystérieuse et ses décors inquiétants (œuvres de Vincent Korda), la fuite du jeune héros dans un Londres nocturne et tout aussi mystérieux, constituent des séquences anthologiques. Une interprétation de premier ordre (Michèle Morgan, Ralph Richardson, et le jeune Bobby Henrey) pour des acteurs parfaitement dirigés (superbe organisation de l’espace autour des enquêteurs investissant l’ambassade).

…j'ai lu la nouvelle de Graham Greene, qui est un chef-d'oeuvre. Plusieurs adaptations à l'écran de l'oeuvre de Greene ont été pour moi des déceptions(*). Mais j'ai vraiment confiance en Carol Reed, et je vote !

(*) Mais la réussite n'est pas hors de portée : ainsi du tout récent The Quiet American, bien meilleur que la première version.