Si l'on élimine les deux péripéties inutiles et traitées par dessous la jambe par Griffith, c'est-à-dire les quelques minutes évangéliques et l'évocation du massacre de la Saint Barthélémy, que reste-t-il ?
Donc tout ce qui est censé représenter Babylone tranche favorablement ; il y a même une réelle sauvagerie dans les combats et un réel érotisme dans quelques séquences troubles.Mais curieusement Griffith a mélangé ce qu'il avait à dire dans un drôle de mixeur et n'y a pas donné la moindre cohérence. D'où un film sans identité, sans cohérence, sans pertinence. Tout le contraire de Naissance d'une nation.
« Sans cesse se balance le berceau reliant le passé à l'avenir ».
Un foyer d'intolérance et de haine lutte perpétuellement au cœur du temps afin de soumettre un amour charité se maintenant difficilement à flots dans un environnement historique de plusieurs millénaires synonymes de massacres permanents.
Des grappes humaines en révolte sont corrigées au canon, des tours s'embrasent au pied des murailles d'une ville momentanément épargnée. Le Christ se prépare à la passion, Babylone trahi par ses religieux offre à l'envahisseur ses murs éventrés. Le chômeur à bout de ressources détrousse l'éméché. Le réformiste se déchaîne dans une époque où les individus désoeuvrés retournent à la pierre brute.
« Il faut détruire ou être détruits » Catherine de Médicis le clame haut et fort à un Charles IX sous pression matriarcale à l'aube d'une Saint Barthélemy sanguinaire ou le seul but est de gagner du temps sur le temps par la force d'une doctrine contradictoire.
Depuis toujours, l'humanité se morfond en conflits répétitifs par des procédures guerrières et politiques. Il y a toujours un prêtre pour vendre une ville à un empereur. En costumes ou bardés de fers les hommes ne font que se trahir, souffrir et guerroyer.
Ces quatre récits offre à l'histoire un sanguinolent paquet cadeaux de nos fureurs temporelles contrées par une bravoure bien souvent féminine courageuse, malmenée, quelquefois récompensée.
« Intolérance » est une œuvre magnifique, grandiose, violente, sensuelle montrant notre logiciel terrestre, une fureur meurtrière vétue d'une famine intellectuelle ou l'homme extrêmement fragilisé se protège dans la douleur de la bestialité de ses propres congénères encadré par des compagnes aimantes, volontaires, décisionnaires d'une grâce de dernière minute ou opérationnelles au combat jusqu'à la mort.
Les décors grandioses Babyloniens filmés en ballon captif alimentent merveilleusement les contraintes du plan fixe. Ces statues d'éléphants cabrées aux mesures himalayennes envoient au placard les balbutiements d'un jeune cinéma prenant soudainement grâce à ce joyau une technologie parfaite presque indélébile.
« Intolérance» première fresque historique cinématographique à grand spectacle représente un processus complet émotionnel et tragique de nos parcours, un plan révélateur de toutes nos erreurs accumulées. Ces quatre récits en parallèles ne sont que notre image, une lutte perpétuelle entre proies et prédateurs.
Intolérance est notre éternité
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