Un scénario en demi-teinte qui laisse présager un film sans intérêt. C'est sans compter le talent de Henry Hathaway en terme de mise en scène, et de création d'ambiances étranges. Comme dans beaucoup de ses films, les personnages se déplacent dans des lieux qui semblent fantastiques ou irréels, éclairés par une lumière forte, ou par le feu. Ou bien inversement baignés par l'obscurité. Utilisation de la profondeur et de la largeur de champ comme levier de mise en scène. Mais aussi appui sur les contrastes de couleurs. Gestion de décors en second plan qui attirent le regard. Le film de guerre devient par sa patte et son sens pictural une sorte de rêve éveillé, âpre, marquant l'imaginaire. Il me semble qu'il faut avoir vu beaucoup de ses films pour percevoir cette dimension-là, invisible de premier abord. Excellente interprétation de Richard Burton, qui reprend certaines des caractéristiques de son personnage à double facette de Where Eagles Dare (1968). Raid on Rommel (1971), totalement oublié ou presque, est un film à connaitre.

Burton était un des plus grands acteurs anglo-saxons. Dommage qu'il n'ait pas fait une carrière à la hauteur de son génie. Dans le moindre de ses nanars (comme celui-ci, bien que signé du vétéran Hathaway), il y a toujours quelques minutes à prendre. On préfèrerait voir ressortir "Salaud" où il jouait un serial killer.